Requiem pour une Reine

Comme nous vous l'annoncions vendredi, la guilde Special Olympics a été la première mondiale à tuer la reine : Crucia. Découvrez l'envers du décor d'une grande guilde européenne.

Premier raid 20 de Storm Legion, la Tempête de Glace compte  :

  • 4 boss : Gelidra, Zaviel, les jumeaux (Kolmasveli et Toinenveli) et Crucia
  • 1 mini boss  : Gangnum (entre Gelidra et Zaviel) qui donne accès à un haut-fait dédicace à la chanson.

La guilde Special Olympics a été la première mondiale à tuer la reine : Crucia. Découvrez-l'envers du décors d'une grande guilde européenne.

Special Olympics et la Tempête de Glace.

Depuis le 18 novembre (soit 5 jours après la sortie de l'extension), les Special Olympics arpentent les couloirs de la Tempête de Glace. Dès le premier soir Gelidra et Gangnum ont trouvé la mort. Les deux boss suivants ont suivi le mouvement rapidement et le reste du temps a été consacré à la chute de Crucia jusqu'à sa mort dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. C'est donc à peu près trois jours pour les trois premiers boss contre 3 semaines pour Crucia qui auront été nécessaire à la finalisation de ce raid.

Les combats

Les boss rencontrés dans ce raid sont très différents les uns des autres :

Gelidra fait très mal sur le tank et voit l'apparition de renforts sur certaines phases. Lors de sa première mise à mort, le raid était peu équipé, il a donc fallu organiser au mieux l'utilisation des sorts avec délai de récupération sur le tank et faire confiance aux soigneurs pour tenir le raid sur les phases d'add. Puis espérer survivre et ne pas atteindre la phase où le boss devient enragé.

Zaviel se joue plutôt sur de la gestion de mouvement : en bougeant bien, au bon moment, le raid ne subit que peu de dégâts.

Sur les Jumeaux la guilde a été confrontée à des bugs non corrigés : certaines zones étaient invisibles. Cela a induit un retard de 2 jours sur ce boss, jusqu'à la sortie du hotfix. C'est un combat qui implique une rotation de tank, des zones de dégâts, du dispell et une compétence réactive : 2 personnes doivent travailler de concert pour interrompre des bombes.

Crucia - Storm Legion

Le combat contre Crucia est très différent car sur les trois boss précédents le combat dure de 5 à 7 minutes. Ce sont des rencontres assez courtes, essentiellement basés sur la quantité de dégâts produits et la réactivité des joueurs. Le gap entre le 3ème et le 4ème boss est très important.
La joute contre Crucia est plus compliquée : elle passe par 5 phases, plusieurs plateformes, différentes gestions, des adds, des tanks à maintenir en vie... C'est un défi beaucoup plus intéressant.
Toutefois, cette complexité pose des soucis dans la mesure où des bugs persistent sur plusieurs phases. Il y en avait une quinzaine qui ont été pour la plupart corrigés au dernier hotfix mais dont certains demeurent. Ce qui fait que sur les six heures de raid ce soir-là, Special Olympics a passé environ quatre heures à mordre la poussière à cause des bugs et deux heures à pouvoir faire des essais correctement. Le combat présente également quelques nouveautés comme, par exemple, la prise de contrôle de robots qui drainent la mana de Crucia pour éviter qu'elle monte trop et n'inflige des dégâts, purgent un buff gagné par l'un des adds à tuer, purgent une malédiction sur les joueurs qui leur draine la mana/l’énergie et désactivent des bombes/orbes. Une fois tués au début du combat, ces deux robots peuvent ensuite être utilisés par les joueurs même si Special Olympics a choisi de n'en utiliser qu'un par souci d’optimisation.
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à regarder la vidéo de la première mort de Crucia

L'équipement

Au démarrage, la guilde a beaucoup utilisé l'artisanat pour s'équiper. A cette fin, ils ont écumé les donjons experts pour récupérer les plans des nouveaux crafts, échangé avec des joueurs d'autres serveurs : faire fabriquer sur Icewatch une pièce importée ensuite sur Blightweald. Les jours précédents les premiers essais ont donc été consacrés à la course à l'artisanat, aux failles de chasse pour obtenir des focus viables et monter les réputations pour des runes et les équipements à acheter,  sans oublier quelques quêtes, comme par exemple la quête histoire d'Ashora qui donne un collier épique non négligeable.

Aujourd'hui, la plupart des joueurs ont leurs quatre pièces d'experts, une première pièce du set de raid, quelques pièces hors set de raid (raid 10 ou 20). Le reste de l'équipement, vient de l'artisanat ou de pièces tombées en experts.

La résistance aux dégâts d'air

Si, sur les 3 premiers boss, la guilde n'a pas ressenti le besoin d'augmenter sa résistance aux dégâts d'air, la donne a changé en arrivant sur Crucia. Du coup, avoir 300 à 400 de résistance à l'air est devenu significatif. Les tanks avaient même des enchantements de résistance à l'air sur leur équipement en plus du focus et ça s'est avéré fort utile. En effet, cela permet de passer d'environ 15% de réduction de dégâts à 20-25%. Toutefois, il n'est pas nécessaire d'avoir le maximum possible. Il s'agit avant tout d'avoir une base suffisante : 300 est suffisant pour Crucia.

Pour trouver ce matériel particulier, la guilde a donc écumé les failles de chasse et de raid, de préférence des failles d'air. Chaque jour avant le raid, une partie des joueurs faisait la quête quotidienne de faille de raid et ça tombait souvent sur la faille de Crucia avec à la clé la possibilité de gagner des essences violettes avec résistance air. Qui plus est, ils ont eu la chance de voir tomber celles des tanks en premier, ce qui était leur priorité.

Ce paramètre est aussi pris en compte dans la gestion des bannières : si le combat contre Crucia a commencé avec des bannières améliorant puissance des sorts/d'attaque et puissance des coups critiques, lors de sa descente ce sont des bannières avec de la résistance et des points de vies supplémentaires qui ont pris le relais.

Le fonctionnement de Special Olympics

L'objectif principal de la guilde, ce sont les raids. Ainsi, la plupart des joueurs (voire tous) de la guilde ont pris une à trois semaines de congés pour l'arrivée de l'extension. Par conséquent, il y avait entre 20 et 30 joueurs connectés sans arrêt. Les trois premiers jours ont été consacrés à la montée des niveaux de tous. Lorsque les Parabellum ont fait le premier niveau 60 mondial, là où d'autres guildes avaient 2 ou 3 niveaux 60, les Special Olympics avaient 20 à 30 personnages de niveau 58-59. Ils ont principalement montés leurs niveaux en aventure instantanée : un groupe de 20, un groupe de 10 et ils ont avancé tous ensemble. La priorité, ce sont les raids et les raids ça se joue à 20, pas à 5. Par conséquent, ils n'ont certes pas eu le premier 60 mais quelques heures plus tard 20 joueurs étaient prêts à aller en donjons/raids.

Les raids

Chaque soir, de 19h/19h30 à 00h30, la guilde est en raid. Tout le reste : réputations, artisanat, experts, etc. se fait avant 19h30. Une certaine rigueur est exigée : éviter les retards, être prêts pour le raid (avec le meilleur équipement possible et tous les composants d'amélioration à disposition). Special Olympics, c'est donc au minimum quatre heures de raid chaque soir parfois cinq heures ou plus quand ça s'avère nécessaire.

crusia.png

Les raids sont composés de 5 personnages de chaque classe, régis par des officiers et/ou maîtres de classe qui définissent à l'avance les différents rôles qu'il sera nécessaire de jouer sur une soirée raid selon les boss et la stratégie à adopter. Chacun propose alors de jouer tel ou tel rôle selon les affinités mais parfois il y a des attributions imposées même si globalement chacun peut jouer sa spécialisation favorite en organisant des roulements.

L'équipement

Chacun d'entre eux fournit ce qu'il faut en terme d'équipement ou de composants de raid même si rien n'empêche de demander de l'aide pour les obtenir. Les festins sont communs mais chacun peut y contribuer en déposant de la viande ou du poisson dans la banque de guilde. Qui plus est, il y a toujours quelqu'un pour dépanner en cas de besoin. C'est un groupe ou chaque joueur s'investit. Chacun apporte sa  pierre à l'édifice et ça passe par avoir tout ce qu'il faut et être optimisé. Celui qui n'a pas atteint le niveau maximum d'une réputation va tout de même prendre une amélioration (s’il y en a une) de niveau intermédiaire pour participer : cela montre qu'il apporte quelque chose même si ce n'est pas la meilleure possible.

En journée, il y a toujours cinq à quinze joueurs connectées (pas toujours les mêmes) qui en profitent pour s'équiper et récolter. Il y a une grosse entraide au sein de la guilde. Les premiers soixante ont très vite été en mesure de fabriquer des équipements pour ceux qui les rejoignaient.

Ça n'empêche pas que de nombreuses pièces de platine ont été dépensées pour des composants d'artisanat. Maintenant il faut renflouer les caisses avant Regulos même si ce dernier ne devrait pas nécessiter autant de dépenses.

L'optimisation

En travaillant à son optimisation, la guilde a pu compenser le fait que lors de ses premiers essais dans ce raid, l'équipement manquait encore beaucoup.

  • La gestion des délais de récupération

Tout d'abord, les buffs/debuffs ne manquent jamais et la rotation des délais de récupération est optimisée au maximum (croissance sauvage, puissance flamboyante, couplet de joie, etc.) en une rotation sur environ une minute où chacun utilise ses sorts toutes les 10 à 15 secondes que ce soit de l'augmentation de dégâts produit ou de la réduction des dégâts subis.
Les maîtres de classe indiquent aux joueurs quel rôle ils doivent jouer et quels buffs/debuffs ils doivent mettre à quel moment.
Certains utilisent un addon pour se repérer mais la plupart fonctionnent sans. Une petite exception a été faite pour Crucia pour laquelle une version personnalisée de KBM a permis d'anticiper les différentes échéances du combat (Souffles, Orbes, ..). Sinon, en général si un addon est utilisé, c'est plutôt Karrul Alert pour la gestion des cycles (via les buffs/debuffs/cd).
Pour savoir quel buff/debuff a été lancé : les joueurs utilisent une macro qui crie « je claque ça pour x secondes ».
L’ordre des sorts à lancer est défini dans la stratégie selon les phases du boss (et son enrage).
Chacun fait ses ajustements avec les membres de sa classe et chaque classe s'ajuste sur les autres ce qui permet de gagner 100 + 100 + 100 dps... et au final la différence est significative et  peut permettre de passer des enrage plus facilement. C'est donc un gros cumul de micro-gestions.

  • L'amélioration des dégâts

Ensuite, il faut être irréprochable sur ses déplacements. Surtout en dégât : un pourvoyeur de dégâts qui meurt sur une zone n'a aucune excuse car il n'a rien d'autre à faire.
S'il y a un manque de dégâts global sur un essai, le raid leader demande les statistiques pour analyser. Si un joueur est particulièrement bas, on cherche de quoi ça peut venir (template, cycle...) ou si le problème ne vient pas de là, la composition du raid est revue pour optimiser les dégâts du raid (et non les dégâts individuels de chacun).

  • Les arbres de talent

Pour finir, les arbres de talents sont testés sur poteaux (dès la bêta), ils donnent lieu à des échanges en jeu, sur le vocal ou sur le forum : telle chose est intéressante, telle autre moins. Des arbres types en découlent parmi lesquelles les joueurs piochent selon la situation.
Exemple : sur un combat avec beaucoup de changement de cible, un voleur choisira plutôt une spé rôdeur/tireur d'élite qu'une spé assassin qui nécessite du temps pour être à son apogée.
C'est donc un ajustement permanent des arbres selon les besoins du raid.
Les arbres vont aussi évoluer en fonction de l'équipement : là où au début il y avait besoin de beaucoup de résistance, l'évolution du matériel amène à la diminuer pour augmenter les dégâts.
Il y a donc un gros travail d'équipe sur ces différentes spécialisations. L'échange est permanent et permet aussi d'améliorer des habitudes. Par exemple, l'un des clercs, habitué à jouer en dégât, s'est retrouvé à jouer beaucoup en soin ces derniers temps. Tous ceux qui sont habitués à ce rôle l'ont aidé mais ils y ont également gagné de nouvelles façons de jouer car certaines choses intéressantes à faire en dégât, se sont avérées également intéressantes en soin (intégrer tel sort avant tel autre dans une macro...)
Quand Storm Legion est sorti, chacun avait déjà une idée générale ce que qu'il allait jouer au niveau 60 mais une fois atteint, ils ont continué à creuser et à améliorer.
Il y a des arbres qui donnent de meilleurs dégâts mais qui ne seront pas forcément joués car ils diminuent drastiquement les chances de survie. En tous cas, cela dépendra des combats. Il faut trouver le meilleur compromis entre survie et dégâts. Un bon joueur n'est pas forcément celui qui fait le meilleur score sur poteau mais plutôt celui qui sait bouger au bon moment et qui sait avoir le bon arbre sur le bon boss.

Le futur de Special Olympics

Après quelques jours de repos bien mérités suite à une semaine où les raids ont duré de 4 à 6h (le soir de la mort de Crucia), le lundi a été consacré au raid 10 et le mardi au focus mort pour préparer le nouveau raid 20.

Les ambitions de Special Olympics par rapport à Regulos sont de continuer dans la lignée des World First après avoir fait la totale sur la Tempête de Glace.

first down mondial de Crucia

Mais ils ont conscients que la concurrence va être rude. S’ils ont eu la chance d'avoir quelques jours d'avance grâce à leur leveling commun, avec le nouveau raid, toutes les guildes partent à peu près sur un pied d'égalité donc la compétition va reprendre de plus belle.
A l'heure actuelle, il y a encore peu de guildes qui raident mais le temps d'arriver à Régulos il y en aura probablement une bonne centaine et les premières se battront toutes pour faire les firsts (mondial, américain, européen, français).

Pour parvenir à ses fins, Special Olympics recrute, essentiellement des mages à l'heure actuelle mais toute candidature de joueurs qui se sentent exceptionnels sera prise en compte. Un seul prérequis est nécessaire : comprendre et parler un minimum anglais même s'il n'est pas nécessaire d'être bilingue.
Merci à Aethys pour avoir partagé toutes ces informations sur sa guilde.

Aethys est étudiant à Paris, partage au quotidien la vie d'une grande guilde européenne et tient un blog avec une page dédiée à l'avancée des différentes guildes de Rift (n'hésitez pas à y inscrire la votre).
Il témoigne pour JOL Rift.

Sur le raid, quel boss as-tu préféré ?
Définitivement Crucia. C’est un boss qui mélange tout, un peu à la manière d’Akylios ou de Laethys (en moins intensif cependant). Malgré les bugs qui viennent ternir l’image du boss, c’est une rencontre agréable. D’autant que j’étais dans le robot, je n’étais donc pas limité uniquement à mon rôle (Profanateur 61). Enfin, je reconnais qu’après une centaine de wipe, le robot peut devenir un peu ennuyeux !

Lequel as-tu le moins aimé ?
Principalement Gelidra et les Jumeaux (Kolmasveli & Toinenveli) puisque ces deux combats ne se résument qu’à la puissance de feu (il y a un peu de technique certes, mais rien de méchant). Une fois quelques pièces de raid acquises cela ne représente plus un grand défi.

Est-ce difficile de jouer dans une autre langue ?
Je dois avouer qu'au début, j’étais parfois en difficulté. Mais je n'étais pas seul puisque Vesken était là aussi. Nous nous débrouillions en anglais mais en raid quelquefois ça parlait tellement vite, essentiellement durant l’élaboration des stratégies, qu'il est difficile de suivre. Je me suis habitué depuis mais il m'arrive encore parfois d'avoir du mal à suivre lorsque l'on wipe sur un boss et que quelqu'un expose une idée, il y a généralement plusieurs personnes qui parlent en même temps. Déjà en français ce n'est pas toujours évident de suivre plusieurs personnes à la fois mais en anglais, ça tourne vite à l'enfer.
Ceci dit, je m'améliore petit à petit et d'ici quelques mois, ce type de brouhaha ne devrait plus me poser trop de soucis.
Qui plus est, il y a de nombreux joueurs qui ne sont pas de langue maternelle anglaise (Pays Bas, Allemagne, Pologne, Suède, Norvège, Finlande, Roumanie, Koweït, Turquie...) alors ils sont conscients de la difficulté que cela peut représenter et sont plutôt tolérants sur ce sujet.

Quel est ton parcours ?
Lorsque j’étais petit, je regardais déjà mes frères jouer à Starcraft, Diablo ou encore Counter-Strike. Une fois atteint un âge raisonnable pour jouer aux jeux vidéo, je suivais mes frères lors de leurs différentes parties. Que ce soit sur PC ou sur Consoles. Petit à petit, je me suis concentré sur l’univers PC en passant beaucoup de temps sur Diablo, Starcraft et Warcraft principalement. Toutes trois des licences de Blizzard. Et c’est donc naturellement que j’ai voulu jouer à World of Warcraft, cependant je n’ai pas beaucoup joué à WoW Vanilla. J’ai rejoint l’aventure WoW à partir de Burning Crusade et jusqu’à la fin d’Ulduar de LK. Ensuite, j’ai beaucoup changé de jeu et testé une flopée de F2P sans que rien ne retienne mon attention … jusqu’à Rift !
Initialement, j'étais sur Tempête, un serveur RP jusqu'en décembre dernier. Je ne pensais pas un jour faire partie d'une guilde qui faisait beaucoup de raids. Début 2012 j'ai rejoint Brisesol et là j'ai été impressionné de voir des raids « pick-up » faire ce que seule une guilde bien huilée réussissait sur Tempête. J'ai eu l'impression de découvrir un nouveau monde. J'ai alors rejoint les Bloodlust pendant 2 mois. Puis ce fut l'entrée chez Khalim'na au mois de mars où j'ai pu avancer vers Festin Primitif et l'Aurore Infernale jusqu'à Laethys. En juillet, j'ai rejoint les Special Olympics.

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