Rift évolue en free-to-play, Bill Fisher répond à nos questions
Lancé il y a tout juste deux ans, en mars 2011, Rift fait aujourd'hui évoluer son modèle économique, abandonnant son abonnement obligatoire au profit d'une exploitation en free-to-play , complétée d'un abonnement optionnel. Bill Fisher, directeur créatif du MMORPG chez Trion Worlds, nous explique ce choix et les perspectives d'avenir du studio.
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JeuxOnLine : Malgré le contexte actuel, Rift rest(ait) l'un des rares MMO à avoir maintenu son abonnement mensuel (avec World of Warcraft). Aujourd'hui, Rift change de modèle économique et sera exploité en free-to-play. Pourquoi opérer ce changement aujorud'hui ? Rift est un bon MMO avec une communauté de joueurs fidèles, mais de nombreux acteurs de l'industrie du jeu en ligne ont déjà fait le pari du free-to-play. N'est-ce pas un peu tard pour Rift ?
Bill Fisher (directeur créatif) : L'un des commentaires récurrents que nous constatons depuis le lancement de Rift en 2011 est que les joueurs plébiscitent le free-to-play. Globalement, ce choeur en faveur du free-to-play se fait plus insistant depuis quelques années.
Et le free-to-play n'est pas un pari. Il représente un changement fondamental dans la façon dont les consommateurs choisissent de payer pour leurs jeux. Il y a une raison pour laquelle les joueurs ont majoritairement adopté la voie du free-to-play et il est temps pour Rift de les rejoindre et d'offrir un réel choix aux joueurs.
Plus globalement, comment voyez-vous le future de l'industrie du MMO ? Pensez-vous comme nombre d'autres acteurs que le MMO à abonnement est mort? Et qu'en est-il, à votre avis, des modèles "buy to play" (le modèle retenu pour Defiance par exemple, reposant sur l'achat de boîtes de jeu mais sans abonnement) ?
Bill Fisher : L'abonnement imposé est en passe de disparaître du marché, remplacé progressivement par le free-to-play et les abonnements optionnel qui ajoutent une réelle valeur ajoutée. C'est précisément la voie que nous souhaitons retenir pour Rift. Nous avons constaté de nombreux changements ces dernières années - depuis cette catégorie de jeux qui se basaient sur un paiement à l'heure ! Je suis certain que l'industrie va continuer d'évoluer - c'est toujours un secteur très propice à l'innovation.
Il y a à l'évidence des titres qui ont trouvé leur place sur le marché du B2P, mais nous ne pensons pas que ce modèle ait réellement du sens pour Rift. Nous cherchons ici à faire tomber les barrières. Faire tomber les barrières à l'entrée et faire tomber les barrières au retour [des anciens abonnés].
Et l'avenir appartient à tous les grands jeux, qui traitent les joueurs correctement et qui comprennent que le modèle économique n'est pas plus important que l'amusement qu'ils procurent lorsqu'on joue. Les jeux sont d'abord et avant tout des loisirs et s'ils ne permettant pas de s'amuser, personne ne gagne quoique ce soit.
On sait qu'il n'est jamais simple d'opérer une telle transition, d'abandonner un modèle à abonnement au profit du free-to-play (ils ont chacun des règles de gameplay qui leur sont propres) et on imagine qu'il ne s'agit pas là d'une décision prise à la légère. Depuis combien de temps la préparez-vous ? Et accessoirement, depuis le début de l'année, Scott Hartsman puis Hal Hanlin ont quitté Trion Worlds. Est-ce un choix lié plus ou moins directement à cette évolution ?
Bill Fisher : Nous travaillons sur ce modèle économique free-to-play depuis environ un an - les premiers jours étant principalement dédiés à déterminer ce qui serait la meilleure option pour Rift. Il nous a fallu beaucoup de temps pour nous assurer que nous adoptions la bonne solution pour le jeu et pour les joueurs. Il y a de nombreux écueils possibles en la matière et nous cherchions à ajouter une réelle plus-value pour les joueurs dès lors qu'ils décidaient de nous donner de l'argent.
Quant aux liens entre quiconque décidant de quitter Trion et cette décision, la réponse est non. Beaucoup d'efforts ont été consacrés à ce que nous faisons actuellement et ont fait intervenir de nombreux contributeurs depuis que le projet est en développement.
Vous avez (presque) déjà testé ce modèle free-to-play avec l'offre Rift Lite (permettant de tester les 20 premiers niveaux de Rift gratuitement) depuis l'année dernière. Qu'avez-vous appris de cette expérience, notamment quant aux comportements des joueurs gratuits ? Et combien de nouveaux joueurs espérez-vous attirer avec cette nouvelle offre ?
Bill Fisher : Rift Lite a été l'une des sources d'informations que nous avons utilisée pour mener la conversion vers le free-to-play. Bien qu'il y ait eu de nombreux joueurs convertis, souscrivant un abonnement à Rift après avoir découvert le jeu gratuitement, nous avons clairement entendu ceux qui n'ont pas franchi ce cap et qui ne voulaient pas s'enferrer dans une offre d'abonnement. Nous avons utilisé leurs remarques pour rendre le jeu début du jeu plus attractif et façonner le futur modèle économique.
Si vous êtes un joueur de MMO ou de jeu de rôle, rien aujourd'hui ne vous empêche plus d'essayer Rift. Et si vous avez déjà joué à Rift avant, revenez donc retrouver vos amis dans Télara.
Pouvez-vous nous préciser les détails de votre modèle free-to-play ? Comment fonctionnent-ils ? À quoi aurons-nous accès gratuitement et quelle sorte d'objets ou d'options trouveront dans la boutique du jeu (pouvez-vous nous donner des exemples) ? Devrons-nous par exemple payer pour s'attaquer à un donjon ou participer à un champ de bataille PvP ?
Et prévoyez-vous un abonnement mensuel optionnel ? Si oui, à quels types de contenus ou fonctionnalités supplémentaires donne-t-il accès ?
Bill Fisher : Le modèle F2P de Rift se veut ouvert et entend vous laisser jouer comme vous voulez avec vos amis. Nous n'allons pas élever des barrières payantes autour du contenu ou faire en sorte que le jeu deviennent si rébarbatif que vous soyez obligé de payer pour vous amuser. Donc non, vous n'aurez pas à arrêter de faire des donjons, de rejoindre des champs de batailles, des raids ou tout autre contenu ou fonctionnalité.
Et il y a bien un abonnement optionnel que nous appelons « Patron Statut », qui octroie de grands bénéfices aux joueurs qui y souscrivent. Vous en trouverez les détails ici : riftgame.com/free.
Quels sont vos projets pour les abonnés actuels de Rift ?
[Cet entretien a été organisé par courrier électronique. Cette question nous est revenu sans réponse.]
Quelles seront les conséquences de cette évolution pour Rift et ses mises à jour à venir ? Qu'en sera-t-il des mises à jour 2.3, voire 2.4 (à quel rythme seront-elles déployées) ? Et prévoyez-vous de lancer de nouvelles extensions (comme Storm Legions), payantes ou gratuites, dans le futur ?
Bill Fisher : Nous avons de nombreux projets pour la mise à jour 2.4 et déjà des objectifs variés pour les mises à jour 2.6 et 3.0, qui ont fait l'objet d'un teasing dans le cadre de nos streams Twitch live. Et nous ne déployons pas de contenu tant qu'il n'est pas prêt à être lancé, donc je ne peux pas préciser de calendrier de lancement pour l'instant - le développement peut être fou parfois. Quand c'est super, nous le lançons.
Et qu'en sera-t-il de la localisation de Rift à l'avenir ? Le jeu sera-t-il toujours traduit en français ? Et combien de personnes travaillent aujourd'hui sur le MMO ?
Bill Fisher : Nous prévoyons de poursuivre la localisation de nos produits en français et en allemand. Et nous parlons même de les traduire dans d'autres langues également, mais nous ne sommes pas encore totalement prêts pour en discuter... pour l'instant.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l'avenir de Trion World ? Nous vous connaissons comme développeur (d'abord avec Rift et maintenant avec Defiance). Mais depuis quelques mois, nous vous avons aussi découvert comme éditeur (via votre portail Red Door, avec Warface, le FPS de Crytek et prochainement avec ArcheAge, le MMORPG du studio XL Games). Comptez-vous continuer à concevoir vos propres jeux ou plutôt vous focaliser comme éditeurs des jeux de tiers ? En d'autres termes, voyez-vous plutôt l'avenir de Trion comme développeur ou éditeur (voire les deux) ?
Et accessoirement, avez-vous déjà arrêté le modèle économique d'ArcheAge en Occident ?
Bill Fisher : Trion Worlds prévoit à la fois de développement de nouveaux jeux et de travailler avec des développeurs internationaux pour éditer leurs jeux au travers de notre programme Red Door. Je ne peux pas communiquer beaucoup de détails à ce sujet, néanmoins.
End of Nations [les MMO de stratégie en temps réel initialement développé en partenariat avec le studio Petroglyph] est toujours en développement chez Trion, et nous avons plusieurs autres projets non encore annoncés.
Et restez à l'écoute pour des annonces concernant ArcheAge, un peu plus tard dans l'année.
Souhaitez-vous ajouter quelque-chose plus particulièrement à destination des joueurs francophones ? Voire aux sceptiques qui doutent encore quant au free-to-play ?
Bill Fisher : Merci pour votre soutien envers Rift, depuis ces quelques années. Sans votre soutien, nous n'en serions pas là.
Et si vous êtes sceptiques, jetez un coup d'oeil aux détails à cette adresse et revenez nous voir pour découvrir ce que vous avez raté sur Rift. Vous ne le regretterez pas.
Merci à Bill Fisher pour avoir pris le temps de répondre à nos questions !
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